Yoga Sûtra
Le Yoga Sûtra de Patanjali est considéré comme le texte de référence du Yoga.
On ne connaît pas bien les
origines de ce texte, il daterait des premiers siècles ap. JC (certains
chapitres pourraient être plus
anciens)
et on ne sait pas si son auteur, Patañjali, a réellement
existé ou s'il s'agit
d'un personnage mythique, incarnation du Serpent cosmique Ananta ou
Śeṣa, venu enseigner le yoga aux hommes (d'où sa représentation sous la
forme d'un cobra avec un torse humain).
De tout façon, il faut
comprendre que le texte est la compilation de
techniques et de connaissances très anciennes, ce ne sont pas les
découvertes de Patañjali ou de son école.
Il est celui qui a rassemblé et mis en forme les pratiques yogiques,
les érigeant en système, en s'appuyant pour
les aspects métaphysiques sur le Sāṁkhya, un autre des
six systèmes (ṣaṭ darśana) issus du Véda, comme le Yoga.
Le texte du Yoga Sūtra est
écrit en sanskrit.
Il se présente sous la
forme de 195 aphorismes organisés en 4 chapitres.
En sanskrit sūtra signifie "fil", "cordon", "aphorisme" et aussi
"traité constitué d'aphorismes", un aphorisme étant une phrase succinte.
195 aphorismes constituent donc un texte très court, quelques pages à
peine.
Il faut le voir comme un aide-mémoire, chaque aphorisme étant en
quelque sorte un titre de chapitre.
De ce fait, la lecture du texte sans aucun commentaire ne révèle pas
son sens véritable.
Krishnamacharya disait souvent du Yoga Sūtra que c'est un tigre avec la figure d'une vache (en sanskrit, Gomukha Vyagram).
Il entendait par là que le texte peut apparaître comme très simple mais cette apprarence est trompeuse : lorsqu'on l'approche suffisamment pour en comprendre le sens profond, alors toute sa richesse se dévoile.
Y.S. I.2 : "Le Yoga est l'arrêt des fluctuations de l'esprit".
Dès le second aphorisme du
texte, le Yoga est défini comme
l'arrêt des fluctuations de l'esprit.
En effet, le Yoga considère que l'esprit, toujours actif,
fluctuant, agité, est la cause de la souffrance humaine.
Le chemin du Yoga vise donc la discipline, la pacification de l'esprit.
Cheminer vers ce but
lointain nécessite la mise en oeuvre de moyens divers, exposés dans la
suite du texte, plus particulièrement dans le deuxième chapitre.
Celui-ci, intitulé "Chapitre sur la méthode", est en effet le plus
accessible.
C'est là par exemple que se trouvent les seuls aphorismes du texte, au
nombre de trois, définissant la posture, āsana.
L'étude du Yoga Sūtra
débute donc généralement par le deuxième chapitre.
Ce chapitre s'adresse à tous ceux, la majorité d'entre nous, pour qui
les
difficultés, les
obstacles sont nombreux.
Que contient ce 2ème chapitre ?
Différentes définitions, dans l'ordre :
- au tout début le Yoga de l'action,
- ensuite les causes de souffrance,
- puis les deux composantes de l'être humain, spirituelle et
matérielle,
- enfin les huit membres du Yoga.
La deuxième définition du
Yoga, le Yoga de l'action, donnée dans le premier aphorisme du
deuxième chapitre, est la plus adaptée à notre mode de vie.
Nous sommes engagés dans une vie active, non pas
dans une vie contemplative ou une vie d'étude.
Y.S. II.1 : "La pratique du
yoga doit
réduire à la fois les impuretés physiques et mentales.
Elle doit
développer notre capacité à l'auto-examen et nous aider à comprendre
qu'au final nous ne sommes pas les maîtres de tout ce que nous
faisons".
Cette belle formulation de
l'aphorisme II.1 est dûe à Desikachar.
("The practice of yoga must reduce
both
physical and mental impurities. It must develop our capacity for self
examination and help us to understand that, in the final analysis, we
are not the masters of everything we do.")
Remarquons au passage que cette définition donnée dans le deuxième
chapitre est effectivement plus explicite que celle précédemment
rencontrée au début du premier chapitre.
Mais le besoin de commentaire demeure, pour expliquer ce que sont cette
pratique, cet auto-examen et cette attitude d'abandon de la maîtrise de
nos
actions.
Dans la tradition
l'enseignement se faisait oralement de professeur à
élève.
Le texte était donc commenté par le professeur, en fonction de la
personnalité, de l'expérience, donc du niveau de compréhension de
l'élève.
En effet, un point essentiel à comprendre, est que la
connaissance selon le yoga est une connaissance expérimentale et non
une accumulation de savoirs théoriques.
On peut aussi parler de clarté mentale plutôt que de
connaissance pour bien faire la différence.
La voie du yoga est une suite de pratiques, de techniques, qui vont permettre la prise de conscience.
L'étude du Yoga Sūtra n'est donc pas un exercice intellectuel mais une découverte de soi au plus profond.
Et le titre du commentaire
de ce texte par Bernard Bouanchaud est le suivant :
"Miroir, itinéraire vers soi-même à travers le
Yoga Sūtra de Patañjali".
Il ne s'agit pas de commenter, de critiquer le texte mais d'apprendre à
se voir soi-même.
Ce qui est essentiel c'est d'être conscient de ce que
nous sommes.